Légalement rattachée à la bourgogne viticole, la région du Beaujolais est renforcée par la promotion dynamique de ses vins menée avec ardeur par tous ceux qui ont rendu le beaujolais illustre dans le monde entier. Ainsi qui pourrait ignorer chaque troisième jeudi de novembre la joyeuse arrivée du beaujolais nouveau ?Le beaujolais s’étend sur 96 communes des départements de Saône et Loire et du Rhône. Si le beaujolais est fêté partout dans le monde, c’est à Lyon dans les célèbres « bouchons » que la tradition de « pot lyonnais » est née. Aujourd’hui encore ce pot de 46cl est servi sur toutes les bonnes tables.
Actuellement le beaujolais produit énormément d’hectolitres de vins rouges typés (la production de vin blanc est extrêmement limitée) mais pratiquement à partir d’un seul cépage, le gamay. Cette production se répartit entre les 3 appellations : beaujolais, beaujolais supérieur et beaujolais villages ainsi qu’entre les 10 crus : brouilly, côte de brouilly, chenas, chiroubles, morgon, fleurie, juliénas, moulin à vent, saint amour et régnié. Géologiquement, le beaujolais a subi successivement les effets des plissements hercyniens à l’ère primaire et alpins à l’ère tertiaire. Ce dernier a modelé l’actuel relief disloquant les couches sédimentaires du secondaire et faisant émerger les roches primaires. Plus près de nous au quaternaire, les glaciers et les rivières s’écoulant d’ouest en est ont érodé de nombreuses vallées et ont sculpté ces terroirs faisant apparaître des ilots de roches dures résistant à l’érosion cloisonnant le coteau viticole.
La région beaujolaise jouit d’un climat tempéré résultant de trois régimes climatiques différents : une mouvance continentale, une mouvance océanique et une mouvance méditerranéenne. Chaque tendance peut dominer, le temps d’une saison, l’hiver peut être froid ou humide, le printemps humide ou sec, les mois d’été brûlants quand souffle le vent desséchant du Midi ou humide avec des pluies orageuses accompagnées de fréquentes chutes de grêles, l’automne humide ou chaud. Dans l’ensemble le vignoble profite d’un bon ensoleillement et de bonnes conditions pour la maturation.
L’encépagement en beaujolais est réduit à sa plus simple expression puisque 99% des surfaces sont plantées en gamay noir à jus blanc. Remarquablement bien adapté aux sols de beaujolais, ce cépage à port retombant doit durant les dix premières années de sa culture être soutenu pour se former d’où les parcelles avec échalas que l’on peut observer dans le nord de la région. Il est assez sensible aux gelées de printemps ainsi qu’aux principaux parasites et maladies de la vigne. La floraison a lieu dans la première quinzaine de juin et les vendanges commencent à la mi-septembre.
Les autres cépages ouvrant droits à l’appellation sont le pinot noir et le pinot gris pour les vins rouges et rosés et pour les vins blancs, le chardonnay et l’aligoté. Tous les vins rouges du beaujolais sont élaborés selon le même principe : respect de l’intégralité de la grappe associé à une macération courte (de 3 à 7 jours en fonction du type de vin).
Seules les appellations beaujolais, beaujolais supérieur et beaujolais villages engagent pour les vins rouges et rosés l’opportunité de dénomination « vin de primeur « ou « vin nouveau ». Ces vins à l’origine récoltés sur les sables granitiques de certaines zones de beaujolais villages sont vinifiés après une courte macération de l’ordre de quatre jours favorisant le caractère tendre et gouleyant du vin, une coloration pas trop soutenue et des arômes de fruits rappelant la banane mûre. Dès la mi-novembre, ces vins primeurs sont prêts à être dégustés dans le monde entier.
Les vins de beaujolais ne sont pas faits pour une longue conservation même si dans la majorité des cas ils sont appréciés au cours des 2 années qui suivent leur récolte, il y a quand même de très belles bouteilles qui peuvent être dégustées au bout d’une dizaine d’années. L’intérêt de ces vins réside dans la fraîcheur et la finesse des parfums qui rappellent certaines fleurs : pivoine, rose, violette, iris et aussi quelques fruits : abricot, cerise, pêche et divers petits fruits rouges.
Voici quelques appellations «Beaujolais » :Beaujolais et beaujolais supérieur : L’appellation beaujolais concerne près de la moitié de la production. On y trouve des vins rouges aux arômes plus fruités que floraux, ces vins colorés, charpentés, un peu rustique se conservent assez bien, mais également plus en altitude des vins vifs plus légers en couleur mais aussi plus frais les années chaudes. L’appellation beaujolais supérieur est une dénomination sans territoire délimité spécifique. Elle peut être revendiquée par des vins dont les moûts présentent à la récolte une richesse en équivalent en alcool de 0,5° supérieur à ceux de l’appellation beaujolais. Question gastronomie, les primeurs feront merveille sur des cardons à la moelle ou des pommes de terre gratinées avec des oignons.
Beaujolais village : Le mot « village » a été adopté pour se substituer à la multiplicité des noms de communes qui pouvaient prétendre à l’appellation beaujolais pour bien distinguer des productions considérées comme supérieur. La quasi-totalité des producteurs a opté pour la formule beaujolais village. Originaires de sables granitiques, ce cépage nous donne des vins fruités, parés d’une robe d’un beau rouge vif : ce sont les inimitables têtes de cuvées des vins primeurs. Ils s’accommodent aux mets les plus variés : le brochet à la crème, les terrines, le pavé de charolais tous se marieront bien avec un beaujolais village plein de finesse.
Brouilly et côte de brouilly : De la colline de Brouilly où s’élève une chapelle, on peut découvrir le Beaujolais, le Mâconnais, la Dombes et le Mont d’or. Deux appellations sœurs se sont disputées la délimitation des terroirs environnants : brouilly et côte de brouilly. Le vignoble côte de brouilly installé sur les pentes du Mont, repose sur des granités et des schistes très durs. Cette montagne serait un reliquat de l’activité volcanique du primaire. La production est répartie sur quatre communes : Odenas, Saint Lager, Cercié et Quincié. Quant à l’’appellation brouilly, elle ceinture la montagne en situation de Piémont. Outre les communes déjà citées, elle déborde sur Saint-Etienne-la-Varenne et Charentay. Sur la commune de Cercié se trouve le terroir bien connu de la « pisse-vieille ».
Chénas : L’une des plus petites appellations du beaujolais couvrant 260 hectares aux confins du Rhône et de la Saône et Loire, la récolte se fait sur les communes de Chénas et de la Chapelle-de-Guinchay. Les chénas produits sur les terrains pentus et granitiques à l’ouest sont colorés, puissants mais sans agressivité excessive, exprimant des arômes floraux à base de rose et de violette ; ils ne sont pas sans rappelés ceux du moulin-à -vent qui occupe la plus grande partie des terroirs de la commune. Les chénas issus de vignes du secteur plus limoneux et moins accidentés de l’est présentent une charpente plus ténue. Cette appellation qui, sans pour autant déméritée, fait figure de parent pauvre par rapport aux autres crus du beaujolais et souffre de l’exiguïté de son potentiel de production.
Chiroubles : Le plus « haut » des crus du beaujolais, récolté sur une seule commune perchée à près de 400m d’altitude dans un site en forme de cirque constitué de sable granitique léger et pauvre. Le chiroubles, élégant, fin, peu chargé en tanins et charnu évoque la violette. Rapidement consommable, il a parfois un peu le caractère du fleurie ou du morgon, crus qui jouxtent de part et d’autre. Ce vin accompagne quelques plats de charcuterie. Chiroubles est fier de l’un de ses enfants, le grand savant ampélographe : Victor Pulliat y est né en 1827, ses travaux consacrés à l’échelle de précocité et au greffage des espèces de vignes sont mondialement connus.
Fleurie : Posée au sommet d’un mamelon totalement encepagé avec du gamay noir à jus blanc, une chapelle semble veillée sur le vignoble. C’est la madone de Fleurie qui marque l’emplacement du 3°cru du beaujolais par ordre d’importance après le brouilly et le morgon. Un vin récolté sur un ensemble géologique assez homogène constitué de granites à grands cristaux qui communiquent au vin une impression de finesse et de charme. Certains l’aiment frais, d’autres tempérés, mais tous apprécient le célèbre plat de l’andouillette beaujolaise préparée avec du fleurie créé à l’initiative de la famille Chabert. C’est un vin au nom évocateur de printemps, plein de promesses, de lumière, d’arômes aux tonalités d’iris et de violettes.
Juliénas : Ce cru impérial tiendrait en effet son nom de Jules César, de même que Jullié, l’une des quatre communes qui compose l’aire géographique de l’appellation. Se partageant des terrains granitiques à l’ouest et des terrains sédimentaires à l’est, les hectares de gamay noir à jus blanc récoltés permettent la production de vins bien charpentés, riche en couleurs, appréciés au printemps après quelques mois de conservation.
Morgon : Le 2°cru en importance après le brouilly est localisé sur une seule commune. Plus de mille hectares classés AOC fournissent un vin robuste, généreux, fruité, évoquant la cerise, le kirch et l’abricot. Ces caractéristiques sont dues aux sols issus de la désagrégation des schistes à prédominances basiques imprégnés d’oxyde de fer et de manganèse, que les vignerons désignent par le terme de « terre pourrie » et qui confèrent aux vins des qualités particulières : celles qui font dire que les vins de Morgon « morgonnent». A partir du gamay noir à jus blanc, on élabore un vin de garde qui peut prendre des allures de bourgogne et accompagne parfaitement un coq au vin. La commune de Villié-Morgon est fière d’avoir été la première à se préoccuper de l’accueil des amateurs de vin de beaujolais, en témoigne son caveau construit dans les caves du château de Fontcrenne qui peut recevoir plusieurs centaines de personnes.
Moulin à vent : Le « seigneur » des crus du beaujolais. L’appellation est symbolisée par le vénérable moulin à vent qui, muet, se dresse à une altitude de 240m au sommet d’un mamelon aux formes douces. Elle produit à partir de gamay noir à jus blanc un vin d’un rouge profond frappé d’un arôme rappelant l’iris avec du bouquet et du corps. S’il peut être apprécié dans les premiers mois de sa naissance, le moulin à vent supporte sans problème un vieillissement de quelques années. Ce « prince » fut l’un des premiers crus reconnus appellation d’origine contrôlée en 1936, deux caveaux permettent de le déguster. Ici ou ailleurs, on appréciera pleinement le moulin à vent sur tous les plats généralement accompagnés de vin rouge.
Regnié : Le plus jeune des crus, officiellement reconnu en 1988, il se situe entre le cru morgon au nord et le cru brouilly au sud. Le vignoble s’implante entre 300 et 500m d’altitude. Les racines de l’unique cépage de l’appellation, le gamay noir à jus blanc, explorent dans la majorité des cas un sous-sol sablonneux et caillouteux. Au « caveau des deux clochers » les amateurs peuvent apprécier quelques échantillons de l’appellation. Les vins aux arômes développés de groseilles, de framboises et de fleurs sont qualifiés par certains de rieurs et de féminins tant ils sont charnus, souples, équilibrés et élégants.
Saint amour : Produit sur des sols de grès et de cailloutis granitiques, deux tendances œnologiques émergent pour épanouir les qualités du gamay noir à jus blanc ; l’une favorise une cuvaison longue dans le respect des traditions beaujolaises donnant aux vins nés sur les roches granitiques, le corps et la couleur nécessaires pour faire des bouteilles de garde ; l’autre préconise un traitement de type primeur donnant des vins consommables plus tôt pour assouvir la curiosité des amateurs. Il convient de déguster le saint-amour sur escargots, fritures, grenouilles, champignons et poularde à la crème. L’appellation a conquis de nombreux consommateurs étrangers.
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